L’origine de la démocratie

Publié dans Casse-rôles,
n° 24, mai-juillet 2023

La Démocratie aux marges de David Graeber est en fait un article tiré d’une sorte de conférence qui s’efforce de décrire les origines de la démocratie et qui précise que là où on a le moins de chance de les trouver, c’est « dans les proclamations officielles d’États qui ont largement mis fin aux formes locales d’autogouvernement et de délibérations collectives ».

Car, en réalité, à travers le monde et durant l’histoire, nombre de sociétés ont développé des procédures collectives de décision qui consistaient à rassembler la communauté et à discuter pour rechercher le consensus sinon l’unanimité avant toute entreprise ou mise en œuvre ; cela sans pour autant voter. Il s’agissait, dans la mesure du possible, de ne pas contraindre une minorité en désaccord. D’ailleurs, ces sociétés se caractérisaient par l’absence d’un pouvoir de coercition, par l’absence d’État.

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L’anarchisme chrétien

Publié dans Réfractions, n° 50, printemps 2023

D’autres confins à l’anarchisme ?

Dans Réfractions, n° 49 (« Aux confins de l’anarchisme »), Édouard Jourdain citait l’exemple de deux revues non conformistes (Ordre nouveau et Esprit) ; cette dernière, animée par le philosophe Emmanuel Mounier, « fortement imprégné de culture chrétienne », qui y exprimait clairement ses sympathies libertaires :
« Je n’hésiterai pas à dire que pour nous, personnalistes, il [l’anarchisme] est un des espoirs sur lequel nous misons pour l’avenir… »

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Du machisme grammatical

Dessin de Cassio

Publié dans Casse-rôles,
n° 24, mai-juillet 2023

Dans Le Bon Usage, le grammairien Maurice Grevisse (Duculot, 1975) consacre un paragraphe (§ 587) au mot « on », ancien cas sujet de « homme ».
Cet « homme » – en latin hom, ome, omme – est devenu avec le temps un « on » indéterminé et a pris communément la signification de « humain » ; dans l’ancienne langue, il pouvait être précédé de l’article l’ – usage qui perdure – : « Lorsque l’on est très préoccupé ».
En fait, ce masculin, neutre, en est venu à nier au féminin sa propre existence. À noter, par ailleurs, que ce « on », mot caméléon, tend de plus en plus à remplacer le « nous ». Néanmoins, Grevisse donne, entre autres, l’exemple où le féminin reprend vie : « Eh bien ! Petite on est toujours fâchée ? ».

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La chaise et le tabouret

Un « coup » d’Art112

Publié dans Le Monde libertaire,
n° 1755 du 6 au 12 novembre 2014.
Lu lors de l’émission Achaïra,
1er décembre 2014
sur la Clé des ondes à Bordeaux

Un tabouret n’est pas plus masculin qu’une chaise n’est féminine. Notre langue est-elle donc si pauvre ou bien la sexualité tellement envahissante ? En français, il n’y aurait pas de moyen terme. La langue suédoise, elle, possède deux neutres. Or, chez les humains, depuis la nuit des temps, il y a domination du masculin sur le féminin ; domination attribuée au fait que, pendant une partie disproportionnée de leur vie, les femmes ont eu la charge des enfants, les éduquant, les portant dans leur ventre puis sur leur dos, tout en fournissant l’essentiel de la nourriture par la cueillette, tandis que les hommes se spécialisaient dans la chasse et la guerre.
Et les hommes, par l’usage des armes, auraient pris l’habitude de la domination.

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« Le Droit à la mort »

Claude en juillet 1986
Claude Guillon
(17 septembre 1952 -19 janvier 2023)

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Putain de vent !

Dessin de Cassio

Texte paru dans Le Monde libertaire, n° 1847 de février 2023 et lu lors de l’émission Achaïra sur la Clé des ondes à Bordeaux le 9 janvier 2023.

Putain de vent !

C’est ce qui peut se crier, spontanément, quand on a l’impression que le vent, de façon délibérée, se fait désagréable avec nous. La jardinière, elle, interpelle ses plantes et ses fleurs aimablement ; de même, on parle à son chat, à son chien. Mais, quelquefois, on s’adresse avec colère à l’ordinateur qui est trop lent, etc.

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George Woodcock

Diffusé partiellement sur la Clé des ondes
lors de l’émission Achaïra du lundi 6 juin 2022
à Bordeaux
Publié par Réfractions, n° 22, automne 2022

Éloge de George Woodcock (1912-1995)

Éloge, du moins, de son livre – L’Anarchisme, Lux, 2019, 544 p. –, parce que voici une œuvre d’une grande clarté d’expression, tout en nuances, et d’une bonne qualité d’écriture ; ce livre fut une première fois édité dans les années 1960 aux États-Unis puis en Angleterre. Les Suédois l’éditèrent en 1964 ; grâce aux Canadiens, nous avons maintenant une édition en français.
À l’époque, Woodcock estimait que le mouvement anarchiste classique était moribond ; la date de 1939, avec l’entrée des troupes franquistes dans Barcelone mettant, pour lui, un point final à l’histoire des organisations libertaires. Pour autant, il distinguait «l’idée» du «mouvement», idée qui réapparaîtrait un jour ou l’autre sous une forme différente.

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Clastres, Graeber, Scott, Macdonald

Hermann Amborn

Publié par Réfractions, n° 22, automne 2022
et sur la Clé des ondes dans l’émision Achaïra
du 4 septembre 2023

Clastres, Graeber, Scott, Macdonald D’autres encore…

… et Amborn, car il est de plus en plus évident que l’anthropologie est devenue une discipline scientifique mieux adaptée à la théorie anarchiste que la sociologie ou la science historique. Hermann Amborn, né en 1933, est un anthropologue allemand que nous fait découvrir Holterman qui s’appuie sur ses travaux pour développer l’idée que l’évolution des sociétés ne conduit pas inéluctablement à l’instauration de l’État ; il en est de même pour les rapports inégalitaires entre les êtres humains ; en bref, que la société existante n’est pas immuable. Il a existé, et il existe, des sociétés où les rapports sociaux étaient, et sont, égalitaires (Voir Zomia de J. C. Scott et les « zones sans souveraineté »).

Rappelons que Thom est docteur en droit, qu’il fut objecteur de conscience et fondateur du groupe provo de Rotterdam ; de quoi éveiller notre intérêt et notre curiosité quand il nous propose sa lecture anthropologique de l’anarchisme.

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Notre histoire est à lire autrement

Publié dans Le Monde libertaire,
n°1850, mai 2023

Publié également sur le site
de la fondation Pierre-Besnard

Dans cette Nouvelle histoire de l’humanité, il s’agissait, avant tout, pour David Graeber (anthropologue) et David Wengrow (archéologue), d’ébaucher une autre image du passé, de réécrire l’histoire, mais sans traiter directement des problèmes des origines de l’inégalité sociale, questionnement jusque-là récurrent.

Durant une dizaine d’années, ils ont poursuivi un dialogue, écrivant ensemble en s’appuyant sur les toutes dernières données scientifiques, conscients que, jusqu’à il y a peu, ils étaient « prisonniers d’un carcan conceptuel » et enfermés dans de multiples théories simplifiées qui n’avaient que peu de rapport avec la réalité ; entre autres celles d’un Hobbes ou d’un Rousseau, sur la bonté ou la méchanceté des êtres humains, ou piégés par l’idée d’un âge d’or des chasseurs-cueilleurs égalitaires que l’apparition de l’agriculture créant la propriété, l’esclavage, les premières villes, l’avènement de la « civilisation » et de l’État, etc., aurait réduit à néant.
À noter que de nombreux spécialistes ont offert leurs compétences à l’ouvrage.

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Non-violence ?

Publié dans Casse-rôles, n° 22
novembre 2022-janvier 2023

Non-violence ?

La non-violence se limite souvent à n’être qu’un champ sémantique imprécis, alliant philosophie et morale, mais elle peut se décliner, si nous voulons ouvrir les yeux, en une multitude d’actions rarement reconnues comme participant de ce champ non-violent. De plus, le mot de « non-violence » (de même que celui de « résistance passive ») porte en lui, par ailleurs, une bonne part d’inertie et d’immobilisme.

Ne rien faire d’un peu dangereux est une attitude des plus humaines ; on se contente seulement de mots, de paroles en l’air qui ne mangent pas de pain ; « dire non » à la guerre, uniquement, est vain ; agir demande de l’imagination et du courage.
Quelle est donc la place que peut prendre la non-violence contre la guerre ? Et comment peut-elle se décliner ?

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