Faisons reverdir le Rojava !

Faisons reverdir le Rojava !

Ou bien comment l’utopie se mélange au concret.
C’est une campagne mondiale menée par la Commune internationaliste pour un projet écologique en direction du Rojava, projet qui devient déjà réel par des travaux sur le terrain. C’est donc un défi parce que la région est en guerre, et la libération du territoire concerné n’aurait pas été possible, nous dit-on, sans les sacrifices des combattants héroïques des YPJ et YPG (unités de protection composées de femmes et d’hommes).
L’ouvrage – avec un avant-propos de Debbie Bookchin, la petite-fille de Murray se veut tout à la fois une vision théorique et un manuel pratique et reconnaît honnêtement que leur initiative est récente (2018) ; c’est en tout cas une analyse quasiment exhaustive des problématiques auxquelles se heurtent, dans ce pays, les écologistes qui ont lancé cette opération et qui s’inspirent tout à la fois du municipalisme libertaire et de l’écologie sociale, idées défendues par Murray Bookchin, reprises par Abdullah Öcalan, le chef suprême des Kurdes, et adoptées par l’ensemble de ses partisans, si ce n’est par la totalité de la population de cette partie du Kurdistan ; idées et pratiques rebaptisées « confédéralisme démocratique ». Mais le projet développé dans cet ouvrage, à proprement parler, porte essentiellement sur l’écologie.
Par ailleurs est gommée toute référence à l’anarchisme ; gommée la citation d’Élisée Reclus : « L’homme est la nature prenant conscience d’elle-même », remplacée par : « L’Humain : la nature prenant conscience de soi », attribuée à Fichte ; à moins d’un plagiat de notre Élisée.
Mais qu’importe le flacon… ! De toute façon, la Commune internationaliste constate « l’imbrication de la domination de l’humain sur l’humain avec la domination de l’humain sur la nature » et propose diverses solutions très concrètes pouvant s’appliquer dans cette partie du Kurdistan, solutions fondées « sur des structures radicalement démocratiques et construites en dehors du pouvoir de l’État ».
C’est pourquoi, par ailleurs, nous trouvons particulièrement incongrue dans cet ouvrage une citation de Che Guevara.
Comme on pouvait s’y attendre de la part des médias, la guerre contre l’État islamique a mis au dernier rang l’avancée politique que représente le confédéralisme démocratique qui entend mettre fin à la « marchandisation » de la nature et à la « modernité capitaliste » responsable de la crise écologique dorénavant mondiale, caractérisée par ce que l’on nomme le « changement climatique » que certains découvrent soudainement alors que d’autres peinent encore à en prendre conscience.
La monoculture – essentiellement de blé et d’oliviers – caractérise le paysage du Rojava, qui s’accompagne de la déforestation, son corollaire, et qui se complète, en dernière conséquence, de la pollution extrême du sol, de l’air (par les transports qui consomment la majeure partie du diesel et de l’essence du Rojava) et de l’eau (l’approvisionnement en eau potable à usage domestique et agricole est l’un des principaux problèmes du Rojava).
De plus, « les savoirs et pratiques sociales de l’agriculture biologique, la culture des légumes et la connaissance de la faune et de la flore locales ont été perdus ».
En outre, les sources des rivières du Rojava se trouvent toutes en Turquie, pays hostile, qui retient l’eau en construisant des barrages quand il ne menace pas d’invasion militaire. Toute cette situation est l’héritage d’une exploitation quasiment coloniale de la part du Baas, le régime syrien d’Hafez et de Bachir el-Assad, son fils. Mais il faut aussi compter sur les effets de la pollution par la guerre, du fait des munitions diverses utilisées dont le contrecoup aura des conséquences à long terme jusqu’à maintenant inconnues.
Ce livre est donc un appel à aider le Rojava et à nous aider nous-mêmes à garder l’espoir et également la volonté de construire un autre monde !
Ce livre est un appel à agir ! « Attendre davantage serait de la folie ! »

Commune internationaliste du Rojava, Make Rojava green again,
Atelier de création libertaire et Dog Section Press, 2019, 140 p.

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