Emma Goldman: Vivre ma vie

 

 

Il s’agit
de la traduction intégrale

de Living my life
d’Emma Goldman,

L’Échappée éditeur,
2018, 1096 pages.

 

Quelques extraits à propos de la question de la violence :
Emma est revenue sur cette question de l’attentat et sur l’utilisation de ce type de violence, notamment après l’explosion d’une bombe dans un immeuble de Lexington Avenue, en 1914, à New York (chapitre 41). Elle écrit :
« Des camarades, des idéalistes, fabriquant une bombe dans un immeuble ouvrier surpeuplé ! Autant d’irresponsabilité m’atterra. Mais, l’instant d’après, je me souvins avec une horreur paralysante d’un événement similaire de ma propre vie. Je me revis dans l’appartement de Peppie dans la 5e Rue, dans ma petite chambre où, les stores baissés, j’observais Sasha en train d’expérimenter une bombe. Je revivais avec une lucidité accablante cette semaine angoissante de juillet 1892. En me répétant que la fin justifiait les moyens, j’avais tu mes craintes d’un accident qui aurait fait des victimes parmi les autres locataires. Avec le zèle du fanatique, j’y avais réellement cru ! Il avait fallu des années d’expérience et de souffrances pour me libérer de cette idée insensée. Je croyais toujours inévitables les actes de violence commis pour protester contre des maux sociaux insupportables. Je comprenais les forces spirituelles qui menaient à des attentats comme celui de Sasha [Berkman], de Bresci, d’Angiolillo, de Czolgosz et d’autres dont j’avais étudié la vie. Ils y avaient été poussés par un immense amour de l’humanité et par leur extrême sensibilité à l’injustice. J’avais toujours pris ma place à leurs côtés et contre toute forme d’oppression organisée. Mais, malgré la solidarité que j’éprouvai pour l’homme qui, en recourant à des mesures extrêmes, protestait contre les crimes sociaux, je compris néanmoins que je ne pourrais plus jamais approuver ou m’associer à des méthodes qui mettaient en péril des vies innocentes. »

Et, plus loin encore, dans le long chapitre 52 sur la Russie :
« Si je devais me décider à devenir active en Russie, leur expliquai-je, le soutien de Makhno ne m’appâterait pas plus que l’offre de Lénine par l’intermédiaire de la IIIe Internationale. Je ne niais pas les services rendus par Makhno à la révolution dans son combat contre les forces blanches, ni le fait que son armée de povstantsy [insurgés] était un mouvement de masse spontané des travailleurs. Cependant, je ne croyais pas que l’anarchisme eût quoi que ce soit à gagner de l’activité militaire ou que notre propagande dût dépendre des avantages militaires ou politiques gagnés. »

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