Faucheurs de chaises

À Bayonne, le jeudi 12 février 2015, dix-sept militants d’une association basque altermondialiste du nom de Bizi (la vie) se sont emparés en plein après-midi et à visage découvert de huit sièges de l’agence HSBC (Hong Kong and Shanghaï Banking Corporation).


Il s’agissait de dénoncer « l’organisation par cette banque d’un vaste système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent sale ».
« Le mouvement est disposé à rendre ces huit sièges, mais seulement après que la banque HSBC aura elle-même rendu les 2,5 milliards d’euros que son système a permis de dérober aux recettes publiques françaises. »

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Adepte de la non-violence et de l’humour, Bizi privilégie la pédagogie
de l’action. Le Monde du 20 février 2015.

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Ce jeudi 5 novembre 2015, à Bordeaux, une vingtaine de citoyens ont « fauché » cinq chaises à la Société générale pour dénoncer l’évasion fiscale avant les négociations de la COP21.
Rue Edmond-Michelet, à Bordeaux, deux jeunes gens sonnent à la porte de la Société générale et entrent dans l’agence ; ils s’approchent du guichet et se présentent :
« Bonjour, nous réquisitionnons des chaises. Nous sommes des citoyens responsables, il s’agit d’une action non violente et symbolique. »
Rapidement, un groupe entre à son tour, sans parler, à visage découvert, ils récupèrent cinq chaises qu’ils emportent. Puis, devant la banque, les militants sont pris en photos avec les chaises sous une affiche peinte à la main : « L’argent pour le climat existe dans les paradis fiscaux. »
Puis ils rejoignent un véhicule qui embarque les chaises.
Il s’agit d’une action des militants ANV COP21 dont l’objectif est de permettre une large sensibilisation au problème de l’évasion fiscale.
Cette organisation n’est pas isolée ; depuis quelques semaines, des dizaines de réquisitions de chaises sont organisées dans toute la France.
Les chaises, symboles des banques confortablement assises dans un système d’évasion fiscale (elles disent « optimisation» comme les grandes multinationales du Web), sont fauchées pour remettre debout la société et exiger la fin de ce phénomène flirtant avec la légalité, qui empêche le financement d’un fonds vert. Ce fonds a été créé en 2010 et doit permettre d’aider les pays en développement dans la transition écologique.
Cet été, le groupe Action non-violente COP21 s’est formé autour d’un appel commun, «debout et déterminé ». Avec plus de 2 800 signataires à ce jour, il regroupe des citoyens et des militants d’autres associations ou ONG comme Alternatiba, Bizi, Greenpeace ou les jeunes écologistes.
Fin septembre, une tribune, publiée dans Libération, accélère le mouvement de réquisition de chaises. Un nouvel objectif est fixé : 196 chaises, pour 196 pays participants à la COP21. Avec une question posée aux lecteurs :
« Alors que notre maison brûle, allons-nous les laisser continuer àdétourner ces sommes colossales pendant que nos gouvernements regardent ailleurs ? »
Peu à peu, le mouvement fait des émules : au 4 novembre, 102 chaises avaient été volées dans toute la France (dont 92 depuis le mois de septembre).
Le groupe des Économistes atterrés a aussi apporté son soutien à cette démarche et annoncé qu’il abriterait des chaises empruntées :
« À l’échelle mondiale, 20 000 milliards de dollars sont aujourd’hui cachés dans les paradis fiscaux. Mais les 195 pays qui vont participer à la COP21 n’arrivent pas à trouver 100 milliards pour abonder le Fonds vert destiné à aider les pays les plus pauvres à faire face à la transition énergétique ! »

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