Abrégé du « Capital »

Émission sur la Clé des ondes à Bordeaux

Maintenant, un livre qui vient d’être réédité et que l’on peut trouver à la librairie de l’athénée libertaire, 7, rue du Muguet, c’est celui de Carlo Cafiero : l’Abrégé du « Capital » de Karl Marx. Les anars diffusant la pensée marxiste, étonnant, non ?
Attention, il ne s’agit pas, loin de là, d’antimarxisme primaire : ce travail fut approuvé par Marx lui-même, qui exprima dans une lettre de 1879 ses « remerciements les plus sincères » à Carlo Cafiero ; une correspondance entre Cafiero et Marx, inédite jusqu’à aujourd’hui en français, est ici publiée.


Cafiero (1846-1892) n’était pas du tout un disciple de Marx ; il s’est même opposé franchement à lui au côté de Michel Bakounine au sein de la Première Internationale ; Bakounine avait entrepris la traduction du Capital, mais il en fut détourné par un certain Netchaïev, mais c’est une autre histoire…
Cafiero vint à bout de ce travail lors d’un séjour en prison après l’insurrection paysanne de la région du Matèse en 1877, dans le sud de l’Italie. Mais c’est encore une autre histoire…
On lira avec intérêt la préface de James Guillaume qui, en 1910, traduisit en français l’œuvre de Carlo Cafiero. Il y retrace le parcours de ce communiste libertaire qui mourut trop jeune.
Cet abrégé donne l’essentiel de l’analyse du capitalisme que fait Karl Marx dans le livre I du Capital « où ce ne sont pas les moyens de production qui sont au service du travailleur, mais bien le travailleur qui se trouve au service des moyens de production ».
Que le lecteur qui craindrait de s’attaquer à une œuvre difficile soit rassuré : ce travail s’adresse à un public populaire ; le texte est débarrassé de l’appareil scientifique qui rend la lecture de Marx un peu trop ardue, mais enfin ce n’est pas le Capital en bande dessinée. Toute lecture demande un effort.
Dans les différents chapitres, on trouvera :
− Marchandise, monnaie, richesse et capital [il est question de la « valeur d’usage » et de la « valeur d’échange » de la marchandise, avec à la base le travail humain nécessaire à la production] ;
− Comment naît le capital ;
 − La journée de travail ;
− La plus-value relative ;
− La coopération [il ne s’agit pas du problème des coopératives, mais de l’emploi de la force collective mise au service d’un patron qui la dirige et l’exploite à son profit] ;
− La division du travail et manufacture ;
− Les machines et la grande industrie ;
− Le salaire ;
− L’accumulation du capital ;
Et pour finir :
− L’accumulation primitive.
[La description est terrible : des peuples conquérants qui massacrent, pillent, incendient et qui s’emparent des richesses, réduisant d’autres peuples en esclavage, esclavage qui devient servage, puis qui devient salariat.
Et c’est la description du capitalisme naissant en Angleterre, la prise de possession des terres communales au profit d’une minorité, la chasse aux pauvres, le travail des enfants dès leur plus jeune âge, etc.].
Ce petit livre est une excellente préparation pour comprendre la société dans laquelle nous vivons. On pourra discuter, bien sûr, mais l’analyse est riche et, à la lecture de ce travail, je me suis demandé s’il existait le même effort de vulgarisation par rapport à l’œuvre de Proudhon. Qui le dira ?
Est-ce que quelqu’un comme Jacques Langlois pourrait nous répondre, lui qui écrit régulièrement sur Proudhon dans le Monde libertaire ?

Carlo Cafiero, Abrégé du « Capital » de Karl Marx,
Le Chien rouge éd., 2008, 160 p.

Achaïra, 21 mai 2009

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