Antimilitaristes, anarchistes, non-violents

Auteur : Felip Équy

Depuis une quinzaine d’années, le collectif Désobéissances libertaires (André Bernard, Sylvie Knoerr, Lou Marin, Pierre Sommermeyer…) a publié une quinzaine d’ouvrages chez divers éditeurs.
Antimilitaristes anarchistes non-violents, paru à l’Atelier de création libertaire, présente deux militants peu connus des lecteurs francophones : Barthélemy de Ligt et Pierre Ramus. Plusieurs textes, la plupart traduits pour la première fois en français, et des biographies, nous présentent la pensée originale de ces deux auteurs. À noter que la majeure partie du livre est consacrée à Pierre Ramus.

Barthélemy de Ligt (1883-1938) est Néerlandais. Comme son père, il entame une carrière de pasteur protestant. Mais il va évoluer vers le pacifisme chrétien puis l’antimilitarisme, l’athéisme et l’anarchisme. Pendant la Première Guerre mondiale, ses convictions antimilitaristes l’avaient conduit quelque temps en prison. En 1925, il s’exile en Suisse où il écrit des livres et des brochures ainsi que des articles dans la presse militante.
Pierre Ramus (1882-1942), de son vrai nom Rudolf Grossman, est Autrichien. Il part pour les États-Unis en 1898 où il rencontre Johann Most et Emma Goldman. Accusé d’avoir fomenté une grève, il s’enfuit vers la Grande-Bretagne. La lecture de Kropotkine lui fait adopter les idées anarcho-communistes. De retour en Autriche, pendant la Première Guerre mondiale, il est arrêté pour « espionnage et trahison ». En 1922, il crée le Bund herrschaftsloser Sozialisten (Union des socialistes antiautoritaires). Il promeut le pacifisme et la création de colonies autonomes. Ses centres d’intérêts sont multiples : la lutte contre l’alcoolisme et la vivisection, la propagande pour la limitation des naissances (en utilisant en particulier la vasectomie), la création d’écoles Ferrer, etc. Le nazisme le pousse vers l’exil : la Suisse, la France puis l’Espagne et le Maroc. Il meurt, dans des conditions un peu mystérieuses, sur le bateau qui l’emmenait au Mexique.
Ces deux anarchistes sont bien sûr antimilitaristes. Ils prônent le refus de faire le service militaire, ils encouragent la désertion et l’objection de conscience. Ils refusent tous les types d’armées qu’elles soient démocratiques, socialistes ou communistes.
Mais leur originalité est la promotion de la non-violence, suivant l’exemple de Gandhi. Ils s’opposent au pacifisme dont parlent les États, prévoyant les futurs échecs de la Société des nations puis de l’Organisation des nations unies. Ils ne pensent pas qu’une société anarchiste puisse être bâtie par des moyens violents. Il faut à tout prix refuser d’utiliser les armes. Il est possible d’utiliser l’action directe non-violente. Ils proposent la grève générale, le boycott, le refus de travailler dans les usines d’armement mais aussi le sabotage et la destruction de toutes les armes.

Antimilitaristes anarchistes non-violents :
Barthélemy de Ligt (1883-1938), Pierre Ramus (1882-1942)
par le collectif Désobéissances libertaires.
Atelier de création libertaire, 2019. 156 p., 12 euros.

Felip Équy

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