J’accuse !

Auteur : Serge Grossvak, Juif Autrement Yid
https://assawra.blogspot.com/
2019/02/jaccuse.html

 

Juif je suis, et Gilet Jaune. Ce que je vois dans Peuple vêtu de jaune est beau, est digne. Ces gens que j’ai le bonheur de croiser lèvent la tête, ont de l’éclat dans les yeux et ils parlent, et ils réfléchissent.

 

Rassemblement « contre les actes antisémites, contre leur instrumentalisation,
pour le combat contre le racisme sous toutes ses formes », Paris-Ménilmontant
(Ligne 2 – Station Ménilmontant). Mardi 19 février à 19 heures.

 

J’accuse les hautes sphères politiques et médiatiques pour leur manipulation et leur trahison de la juste lutte contre l’antisémitisme. J’accuse les pouvoirs politiques et médiatiques d’avoir construit de toute pièce l’accusation d’antisémitisme contre les Gilets Jaunes, contre le peuple rebelle. J’accuse les principales autorités juives de pervertir la lutte contre l’antisémitisme par sa mise au service de visées politiciennes.

Le cœur me déchire de devoir formuler si graves accusations mais aujourd’hui, comme du temps de Zola, un travestissement des faits à caractère racial est commis à seule fin de protéger le pouvoir.
Le cœur me déchire parce qu’étant juif ce à quoi j’assiste m’est plus blessant encore que les plus abjectes campagnes antisémites : cette manœuvre contre le peuple trouve soutien et complicité dans les plus hautes autorités juives censées me représenter. Au cœur des faits réels qui ont donné lieu à travestissements figurent 3 événements.
Le premier, pas nécessairement par ordre chronologique, est constitué par 3 actes antisémites concomitants. Les croix gammées sur les portraits de Simone Veil, la destruction des arbres souvenir d’Ilan Alimi, l’inscription « Juden » sur la devanture d’un magasin dont le propriétaire est juif.
A ce jour, nul ne sait quels sont les auteurs de ces actes odieux.
A ce jour, nul ne peut être désigné coupable de ces gestes ignobles.
A ce jour, nul individu, nul groupe ne peut être jeté à la vindicte. J’attends avec impatience que ceux ci soient identifiés afin qu’ils soient condamnés, mais encore plus parce que je voudrais être certain que ces gestes infâmes ne sont pas le fruit d’un de ces groupuscules extrémistes qui infestent la communauté juive. Chacun a ses hypothèses, pour les uns l’origine vient des Gilets Jaunes, pour moi il faudrait regarder du côté des Ldj et Bétar, peut-être l’enquête aboutira-t-elle sur quelques autres imbéciles qui dans tous les cas de figure ne représenteront qu’eux-mêmes.
Ces 3 faits, aussi graves soient-ils, ne peuvent, ne doivent donner lieu au lynchage médiatique d’un mouvement populaire. Pervertir le combat contre l’antisémitisme ne peut que conduire à nourrir le racisme bien plus puissamment que les fanatiques de sale obédience.
Le second événement concerne monsieur Finkielkraut. Je tiens ce personnage pour abject, pour un infâme raciste qui mérite amplement la réprobation populaire qu’il peut rencontrer. La réprobation sans coup, sans racisme, simplement l’expression du dégoût que ce sale type inspire. Si une personne profère à son encontre des propos racistes, qu’elle soit justement condamnée. Quel dommage qu’il n’en ait pas été de même lors des éructations islamophobes de l’académicien. Le combat antiraciste en aurait été renforcé.
Le troisième événement concerne une dizaine de poivrots exhibant la quenelle lancée par l’antisémite Dieudonné. Cet acte d’une poignée de crétins a donné lieu à d’amples indignations jusqu’au plus haut de l’Etat. Quel dommage que cette indignation face à des ivrognes n’ait pas eu son pendant à juste dimension lorsque les auteurs de faits indignes ont été, dans la même semaine, un maire et une sénatrice chassant d’un marché municipal une femme pour port d’un signe religieux (islamique il est vrai, donc racisme acceptable). Cet usage politicien du nécessaire combat antiraciste est le pire ennemi de ceux qui aspirent à une bonne entente.
Rien ne justifie d’induire de ces 3 faits réels une mise en procès de quelque groupe que ce soit. Rien en l’état ne justifie de porter sur le moment à l’indignation nationale la dénonciation de l’antisémitisme, si ce n’est un bas calcul politicien qui n’a rien à voir avec l’antiracisme. Juif je suis, et Gilet Jaune. Ce que je vois dans Peuple vêtu de jaune est beau, est digne. Ces gens que j’ai le bonheur de croiser lèvent la tête, ont de l’éclat dans les yeux et ils parlent, et ils réfléchissent. Des juifs, je n’ai jamais entendu parler sur les ronds-points, dans les réunions, ce n’est pas le sujet.
Quelquefois sur Facebook surgissent des publications sur le sujet, étonnantes, portées par 2 ou 3 individus de passage, jamais vus avant, jamais vus après. J’ai dénoncé ces publications racistes. La tendance est plutôt « on forme une famille » et les sujets sont le RIC, rend l’ISF, Macron démission, les médias devenus officines de propagande et les blessés, les blessés, les blessés…
J’éprouve une profonde admiration pour ces gens au quotidien si difficile qui soudain reprennent espoir. Il est des jours magiques et plein de soleil lorsque le peuple dit stop, déchire le silence, pulvérise l’oppressive fatalité. Ma famille Gilets Jaunes, je vous admire. Alors oui, je sais, avec une famille si nombreuse, couvrant tout un peuple, il y a fatalement parmi nous quelques voleurs, quelques brutes familiales, quelques pédophiles, quelques racistes, quelques antisémites… Enfin, toutes les déviances humaines existantes ne peuvent qu’être représentées dans un si grand nombre.
Moi, je ne veux voir que le beau de cette révolte parce que le laid existait avant, bien avant, et que seule la révolte est nouvelle. Parce que seule cette révolte de dignité peut faire, un peu, refluer le laid par la dimension humaine qu’elle porte. Tous les engagements du peuple sont confrontés à ce même dilemme, la Résistance, la Commune de Paris. A chaque fois, ceux du Peuple ou proches du Peuple (Victor Hugo !) y voient la grandeur, ceux du pouvoir, ceux de la haute, y cherchent les vilenies pour déverser leurs bassesses sur ceux d’en bas. Voilà ce que nous vivons une fois de plus. Rien de plus.
Vils prétentieux du pouvoir, je vous accuse de turpitude, de jeter de l’huile sur le feu du racisme. L’antisémitisme n’est pas un pion à jouer dans votre combat de domination. Vous n’avez rien appris de l’histoire !

Serge Grossvak, Juif Autrement Yid

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