Être syndicaliste aujourd’hui

Une grève sauvage est une grève hors de tout encadrement syndical à l’exemple de ce que nous raconte Charles Denby dans Cœur indigné. Dans Le Socialisme sauvage, son dernier livre, Charles Reeve rappelle que la formule de « socialisme sauvage » incombe au Parti social-démocrate allemand des années 1920 qui jugeait, au niveau tant de la pensée que de l’action, intolérable tout écart à la doctrine et à l’obéissance.
À lire Être syndicaliste aujourd’hui de Philippe Geneste, on se pose la question de savoir si ce syndicalisme ne serait pas de cette qualité, alors qu’il est pour le moins que tout simplement vivant ; hors de tout appareil syndical.

Pour Philippe Geneste, à n’en pas douter, le prolétariat existe, c’est « le peuple transformé en classe sociale » ; ce prolétariat qui vend sa force de travail et n’exploite personne. L’état des choses étant évidemment plus complexe que formulé ainsi sommairement.
Qui dit exploitation dit exploiteur, dit bourgeoisie, dit capitalisme, avec pour effet la lutte des classes que l’idéologie au pouvoir tend à masquer, à nier pour promouvoir « une vision conciliatrice des rapports sociaux » en atomisant, en émiettant, en désorganisant, par ailleurs, les forces prolétaires.
Pour résister, le prolétaire ne peut que collectiviser sa lutte, créer un syndicat ou « du syndical » et prendre garde d’en être détourné par la délégation, la représentativité, par le mandat en blanc. Pour autant, son organisation de lutte autonome et émancipatrice doit réunir tous les corps de métier, prolétaires nationaux ou non nationaux, avec ou sans emploi.
Parce que les syndicats sont analysés comme une « caste bureaucratique » totalement intégrée au corps social étatique, inaccessible à la critique de la base et dévoyée par le paritarisme et le juridisme, nous assistons à leur rejet par l’opinion publique et le monde ouvrier. Il en résulte, avec l’assentiment complice de l’État et du patronat, que le prolétariat se retrouve dessaisi « de toute velléité d’auto-organisation ».
La disparition du patronat et du salariat et du capitalisme devrait être le seul but du syndicalisme dans son action autonome.
C’est en vivant cette autonomie, en pratiquant « une culture de soi », individuelle et collective, que le prolétariat créera son propre langage, produira son propre discours, élaborera la « science de son malheur », travail qui se fera par un apprentissage et une coopération horizontale « des méthodes et des échanges ». Il s’agira de libérer sa propre pensée. Ainsi le prolétariat pourra s’affirmer en tant que tel et démontrer en actes sa propre existence.
Qui voudra ouvrir encore la fenêtre pourra se procurer Le Chiendent, revue syndicale de réflexion et d’action (vers le syndicalisme d’autonomie prolétarienne pour l’émancipation) : Le Chiendent, c/o P. Geneste, 5, impasse Louis-David, 33740 Arès.

Philippe Geneste, Être syndicaliste aujourd’hui,
Le Chiendent émancipé, 2013, 48 p.

֍

Ce contenu a été publié dans Syndicalisme. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *