Voici venu le temps de la désobéissance !

Émission sur la Clé des ondes à Bordeaux

On ne compte plus dans la presse les activités des désobéissants : Le 10 juillet, l’Humanité faisait sa « une » avec un titre : « Ils ont choisi de désobéir », des enseignants, un psychiatre et un employé de banque refusent d’appliquer des dispositions contraires à l’intérêt général. Photo à la « une ». Et ça continue en page 2, avec la phrase : « En France, la désobéissance civile face à l’emballement libéral du gouvernement grandit de jour en jour. » En page 3, La Boétie et Henri David Thoreau sont cités.


Le 29 juillet, dans le Canard enchaîné, Jean-Luc Porquet écrit que « les désobéisseurs se multiplient ». Il y a les enseignants, mais il cite le cas d’un médecin dans un hôpital psychiatrique à Bailleul qui défend une certaine idée de son métier. Et le cas d’un conseiller clientèle à la Caisse d’Épargne d’Aubenas, licencié pour avoir refusé de vendre un placement peu adapté à un client.
Le 26 août, dans Siné Hebdo, on peut lire un papier de Michel Warschawski qui a participé à la manifestation de Bil’in, ce village palestinien qui résiste à la construction du Mur par l’action non violente et où s’est illustré le groupe des Anarchistes contre le mur, avec la coopération triangulaire de Palestiniens, d’Israéliens anticolonialistes et d’internationalistes solidaires. Warschawski y voit une « alter intifada » possible…
Toujours dans ce même Siné Hebdo, un autre papier de Jérôme Thorel sur les enseignants désobéisseurs. Ils seraient maintenant 2 835 − Oui, vous avez bien entendu : 2 835. Est-ce qu’il y en a en Gironde ? On pourrait les inviter ici, non ? Une répression « modérée » a commencé : l’un vient de subir une sanction disciplinaire de catégorie 2, abaissement d’un échelon sur l’échelle des rémunérations. Il s’agit d’Alain Refalo, professeur des écoles à Colomiers, Haute-Garonne, qui refuse d’appliquer les réformes du primaire. Et les autres ?
D’ailleurs, le mouvement des enseignants du primaire en résistance pédagogique devait se réunir fin août à Montpellier pour décider des actions à venir.
Le 26 août, même information dans le Monde.
Le 2 septembre, dans le Nouvel Observateur, je note un papier de Delfeil de Ton : « Le fouet et le bâton ». Il s’agit de deux musulmanes, l’une au Soudan : Loubna, l’autre en Malaisie : Kartika. La première a osé porter un pantalon sous sa tunique et risque 40 coups de fouet, la seconde, qui a bu une bière dans une boîte de nuit, devrait payer une amende et recevoir 6 coups de bâton. Les deux demandent à recevoir leur châtiment en public et devant la presse internationale pour en finir avec des lois imbéciles.
Mais où en sont maintenant les faucheurs volontaires ? Et les semeurs volontaires ? Et les barbouilleurs de pub ? Un certain François Vaillant sera jugé par le tribunal correctionnel de Rouen ce mois-ci.
Et les chercheurs et leurs rondes infinies ? Et les cercles de silence ? Et les solidaires des sans-papiers ? J’en oublie…
Je ne parle pas des boycotteurs des produits israéliens : il en a été rendu compte dans une précédente émission. Cependant, à signaler sur la Toile, l’article de Neve Gordon publié dans le Los Angeles Times. Gordon est un universitaire israélien qui en arrive à la conclusion qu’il faut boycotter Israël. L’université pourrait donc bien se passer de ses services.
Tous ces désobéisseurs sous-entendent, ou le disent franchement, qu’ils n’utiliseront que des moyens non violents. Qu’est-ce qu’ils en pensent, les anarchistes ?
Le 20 juillet, avez-vous lu cette information dans Sud-Ouest ?
« Un membre d’ETA prône la non-violence. » Il s’agit de José Maria Matanzas Gorostiaga, un indépendantiste basque actuellement emprisonné, un tenant de la « ligne dure », qui se serait prononcé en faveur de l’abandon de la violence. Information donnée à partir de documents saisis récemment par la police.
La plupart des anarchistes ont abandonné la pratique de la violence. Je dis bien : la plupart des anarchistes. Pour autant, ils ne sont pas devenus non violents : tout simplement, ils ne sont plus violents ; c’est tout !
Il manque à ce stade peut-être tout simplement un peu d’imagination.
Mais la désobéissance, ça devrait leur plaire, aux anarchistes, non ?
Tous ces désobéisseurs, tous ces désobéissants, sont, me semble-t-il, bien à l’écoute du Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie (1530-1563), notre voisin de Sarlat, en Dordogne. La Boétie dénonçait la complicité des dominés qui collaborent bon gré, mal gré avec le pouvoir : « Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres », déclarait-il.
Alors ? allons-nous lentement vers une non-coopération généralisée, une sorte de grève générale « nouvelle façon », et qui aurait pour point de départ non pas le milieu ouvrier organisé, mais un refus individuel, des refus individuels qui en se fédérant pourraient donner un autre visage à un chambardement collectif à venir

Des infos !

Le numéro 35 d’À contretemps est sorti avec pour titre : « L’anarchiste et le juif, histoire d’une rencontre ». À contretemps, c’est toujours une publication très intéressante. On aura une bonne idée de cette jonction improbable − juifs et anarchistes − avec des papiers de Sommermeyer et de Boulouque, et d’autres… À contretemps n’a pas de prix, juste des frais. Freddy Gomez, 55, rue des Prairies, 75020 Paris.

Achaïra, 10 septembre 2009

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