Citations

Cardinal de Retz :

« J’avais toute ma vie estimé les hommes plus par ce qu’ils ne faisaient pas en de certaines occasions que par tout ce qu’ils eussent pu faire. »

La Journée des barricades, Insomniaque éd.

Simplicissimus :

« Oui, j’étais si achevé et parfait dans l’ignorance qu’il m’était impossible de savoir que je ne savais rien du tout. »

Lanza del Vasto :

Force et violence sont deux choses différentes ; la violence est un abus de la force.

« Mets-toi bien dans la tête que plus la fin est élevée, plus les moyens doivent l’être également. »

Propos de Dimitri Sologdine dans
Le Premier Cercle d’Alexandre Soljenitsyne, Robert Laffont éd., 2013.

Piotr Archinoff :

« Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs,
cherchez-y la vérité et créez-la : vous ne la trouverez nulle part ailleurs. »

L’histoire du mouvement makhnoviste (1918-1921)

Frank Mintz nous propose une autre version :
« Prolétaires du monde entier : cherchez en vous-mêmes la vérité et la justice afin de les mettre en œuvre ; car vous ne les trouverez nulle part ailleurs. »

*

« L’ouvrage [d’Archinoff] nous montre, avec une clarté suffisante, la simplicité, la facilité, l’élan naturel que le mouvement [makhnoviste] manifesta en submergeant les préjugés : nationaux, religieux et autres. Le fait est fort caractéristique : il témoigne une fois de plus de quelles réalisations, et combien facilement, sont capables les masses travailleuses enthousiasmées par une avance révolutionnaire décisive, à condition que ce soient elles-mêmes effectivement qui créent leur révolution, qu’il leur soit laissé la liberté véritable et complète de chercher et d’agir. Leurs voies sont illimitées, si seulement on ne vient pas les leur barrer sciemment. »

Voline dans sa préface au livre d’Archinoff

*
À propos des prisons

Sur toute l’étendue des régions libérées, les makhnovistes étaient la seule organisation disposant de forces suffisantes pour pouvoir imposer leur volonté à l’ennemi. Mais ils n’usèrent jamais de ces forces dans le but de la domination ou d’une influence politique quelconque ; jamais aussi ils ne s’en servirent contre leurs adversaires purement politiques et idéologiques. L’adversaire militaire, le conspirateur contre les intérêts des ouvriers et des paysans, l’appareil étatiste, les prisons – voici contre qui et contre quoi les efforts de leur armée étaient dirigés.
Les prisons symbolisent la servitude du peuple. Elle ne furent jamais bâties que pour mâter le peuple, les ouvriers, les paysans. Au cours des siècles, la bourgeoisie de tous les pays dompta toujours la résistance et l’esprit de révolte des masses asservies et rebelles à l’aide de l’échafaud et de la prison. À présent également, dans l’État communiste et socialiste, les prisons regorgent surtout du prolétariat de la ville et de la campagne. Un peuple libre n’en a aucun besoin. Si les prisons existent, le peuple n’est pas libre. La prison représente une menace constante pour le travailleur, elle constitue un attentat à sa conscience et à sa volonté, elle est un signe manifeste de sa servitude. – C’est ainsi que les makhnovistes définissaient leur point de vue à propos des prisons. Et c’est en conséquence avec lui qu’ils démolissaient les prisons partout où ils passaient. À Berdiansk, l’on fit sauter la prison en présence d’une foule énorme qui prit d’ailleurs une part active à sa destruction. De même à Alexandrovsk, Krivoï-Rog, Ekatérinoslaw et autres lieux, les prisons furent démolies ou brûlées par les makhnovistes. La population ouvrière saluait immuablement cet acte.


Piotr Archinoff,
L’Histoire du mouvement makhnoviste (1918-1921),
au Éditions anarchistes, Librairie internationale.
Texte écrit par Archinoff de janvier à juin 1921, p. 247.

« D’un Cuba libertaire »
Extrait d’un entretien avec Daniel Pinos et Karel Negrete
Supplément au n° 1649 du Monde libertaire du 3 au 9 novembre 2011

Daniel Pinos : Ces libertaires ne partagent pas la vision insurrectionnaliste de certains jeunes anarchistes en France, très révolutionnaires, très radicaux dans leurs prises de position, mais peu efficaces sur le terrain social, en raison de leur manque de lien avec les travailleurs. Les Cubains ne sont pas comme cela. La première fois que j’ai rencontré les copains de l’Observatoire [Observatorio critico] et ceux qui ont formé l’Atelier libertaire, j’ai cherché les comprendre. L’un d’eux m’a dit :
“La violence, ce n’est pas notre moyen de lutte pour combattre un pouvoir qui, depuis notre prime enfance, nous rabâche que nous sommes les héritiers des guérilleros, des héros de la patrie. Il est évident qu’afin de transformer les choses, nous n’allons pas reproduire le modèle insurrectionnaliste de Fidel ou du Che. Si nous tentions de prendre les armes aujourd’hui, nous serions impitoyablement réprimés et condamnés à mort. Ce n’est que par le débat d’idées, avec des méthodes non-violentes et beaucoup d’imagination que nous y parviendrons.” »

Pierre Clastres :

« La société primitive sait, par nature, que la violence est l’essence du pouvoir. En ce savoir s’enracine le souci de maintenir constamment à l’écart l’un de l’autre le pouvoir et l’institution, le commandement et le chef. Et c’est le champ même de la parole qui assure la démarcation et trace la ligne de partage. En contraignant le chef à se mouvoir seulement dans l’élément de la parole, c’est-à-dire dans l’extrême opposé de la violence, la tribu s’assure que toutes choses restent à leur place, que l’axe du pouvoir se rabat sur le corps exclusif de la société et que nul déplacement des forces ne viendra bouleverser l’ordre social. Le devoir de parole du chef, ce flux constant de parole vide qu’il doit à la tribu, c’est sa dette infinie, la garantie qui interdit à l’homme de parole de devenir homme de pouvoir. »

La Société contre l’État, Éditions de minuit, 1974.

Nietzsche :
« S’il est vrai que de tous les temps, depuis qu’il y a des hommes, il y a eu aussi des troupeaux humains (confréries sexuelles, communautés, tribus, nations, Églises, États) et toujours un grand nombre d’hommes obéissant à un petit nombre de chefs ; si, par conséquent, l’obéissance est ce qui a été le mieux et le plus longtemps exercé et cultivé parmi les hommes, on est en droit de présumer que dans la règle chacun de nous possède en lui le besoin inné d’obéir, comme une sorte de conscience formelle qui ordonne : “Tu feras ceci, sans discuter ; tu t’abstiendras de cela, sans discuter” ; bref, c’est un “tu feras”. »

Par-delà le bien et le mal,
cité par Pierre Clastres dans La Société contre l’État,
Éditions de minuit, 1974.

Philippe Pelletier (le terrorisme) :

« Le catastrophisme peut aussi encourager un terrorisme écologiste ou des actions exemplaires censées réveiller les masses “apathiques”. Mais l’histoire fourmille d’exemples où ces actions ne réveillent personne, tout en annihilant ses propagateurs qui se retrouvent souvent seuls en prison tandis que les derniers soutiens s’échinent à les en faire sortir. Quant au terrorisme, qui présuppose une clandestinité coupée du monde, teintée de paranoïa et sensible au militarisme machiste, il débouche sur une impasse dont le mouvement anarchiste lui-même a tiré le bilan depuis un siècle au moins. »

 Climat et capitalisme vert.
De l’usage économique et politique du catastrophisme,
Nada éditeur, 2015, p. 105.

Lanza del Vasto (la grève) :

« N’oublions pas enfin que la grève, qui a été l’instrument historique de la promotion ouvrière en Occident est, en dépit des Sorel et des Marx, l’arme non-violente par excellence qui, purifiée et généralisée sous forme de non-coopération et de désobéissance civile non-violente suffirait à opérer les réformes nécessaires, tout en contribuant à mesure à la maturité des peuples. »

Technique de la non-violence, Denoël-Gonthier, 1971, p. 37-38.

H.-D. Thoreau :

« Le seul bandit de grand chemin que j’aie jamais rencontré était l’État en personne. Quand j’ai refusé de payer la taxe qu’il réclamait pour cette protection dont je ne voulais pas, il m’a lui-même volé. Alors que la ville garde sous clef le voleur et les assassins pour me protéger, elle se laisse elle-même circuler librement. Quand j’ai réaffirmé la liberté qu’il proclamait, il m’a emprisonné. » (p. 28)

« N’importe qui peut gouverner celui qui ne se gouverne pas lui-même. » (p. 29)

Journal, 12 juin 1846 – 31 décembre 1850, vol. V, Finitude éd., 2016.

Georges Simenon :

« Il fallait supposer que son intelligence était incapable de s’appliquer à certaines réalités. »

 Maigret et le corps sans tête, Livre de poche, 1955.

Pierre-François Lacenaire :

Ce qui vient au son de la flûte
S’en retourne au bruit du tambour.

Mémoires, poèmes et lettres. Albin Michel, 1968.


« J’ai toujours pensé que dans les commotions politiques le mal était toujours au-dessus du bien, parce qu’une révolution ne profite qu’à quelques intrigants, et qu’il y a toujours beaucoup de victimes, parce que les hommes sont toujours les hommes, et qu’ils ne peuvent trouver leur bonheur que dans le fond de leur cœur et nullement dans la chimère d’une liberté politique. Il est beau certes le principe de la liberté et de l’égalité ; mais prouvez-moi qu’elles ont régné un seul jour, je dis un seul jour sur la terre, et je vous excuserai de courir après. Vous qui me stigmatisez du nom de scélérat, dites-moi si cette chimère, si longtemps poursuivie et jamais atteinte, vaut le sang qu’elle a déjà coûté. Et vous me dites de respecter la vie des hommes… »

Pierre-François Lacenaire, Mémoires, poèmes et lettres,
suivis de témoignages, enquêtes et entretiens
présentés par Monique Lebailly, Albin Michel, 1968.

Isabelle Marinone et Nicole Brenez :

En 4e de couverture de Cinémas libertaires. Au service des forces de transgression et de révolte de Nicole Brenez et Isabelle Marinone (Presses universitaires du Septentrion, 2015, 412 p.), nous pouvons lire :
« Les contributeurs, parmi lesquels de nombreux cinéastes et plasticiens, explorent le corpus méconnu des films issus des idéaux libertaires, depuis la lutte armées jusqu’aux pensées de la non-violence. »
Jean-Gabriel Périot, dans l’article intitulé « Une histoire visuelle : la Rote Armee Fraktion et ses images », écrit :
« Mais par naïveté ou inconscience, les membres de la RAF n’ont pas prévu que toute image de sang versé appelle à la solidarité avec les victimes, qu’un policier ou un militaire n’est pas juste un symbole du pouvoir que l’on peut détruire, mais qu’un policier ou un militaire abattu redevient un être humain abattu.
« Dans un double mouvement de déshumanisation, la RAF transformait ses ennemis en symboles à abattre, tandis que l’État transformait les membres de la RAF, et avec eux tout critique ou contestataire, en criminels patentés sans motivation politique : ce processus a abouti à une situation pathogène qui a conduit à la mort réelle de dizaines d’individus dont, cyniquement, une moitié appartenait au côté révolutionnaire et l’autre au côté de l’État, dans une égalité parfaite. »

David Graeber :
« Dans le monde antique, les soulèvements populaires se terminaient souvent par le massacre des rebelles. J’ai déjà dit que l’esquive physique, comme l’exode ou la défection, avait toujours été la réaction la plus efficace aux situations d’oppression depuis les époques les plus reculées qui nous soient connues. »

Dette : 5000 ans d’histoire, Les liens qui libèrent, 2013.

Lydie Salvayre :
C’est une scène de roman. Cela se passe en Espagne, pendant la guerre civile, du côté républicain.
« Un soir, il prend le frais à la terrasse du café L’Estiu sur les Ramblas. Il est seul. Il boit une manzanilla. Il regarde les passants. Il prête une attention distraite aux conversations qui se tiennent alentour.
À une table proche, deux hommes sifflent cul sec plusieurs verres d’eau-de-vie. Ils parlent à voix si forte qu’il ne peut que les entendre. Ils sont hilares. Ils rotent. Ils s’entrecongratulent. Ils sont extrêmement contents d’eux-mêmes et se décernent réciproquement des brevets d’héroïsme. Ils ont fait un de ces putains de coup ! Après avoir cueilli deux prêtres morts de peur terrés dans une cave, ils ont flingué le premier d’un coup de revolver pam en pleine poire, puis ils ont dit au deuxième qui se chiait au froc de décamper en vitesse et ils l’ont flingué dans le dos pam pam lorsqu’il s’est mis à courir. Deux curés butés dans la même journée ! Eux qui croyaient rentrer bredouilles ! Pas mal le tableau de chasse ! Il fallait les voir se chier de trouille, les curaillons ! Impayables !
Ils se croient drôles.
Ils s’étonnent que José ne partage pas leur allégresse. Serait-il franquiste ou quoi ?
[…]
On peut donc tuer des hommes sans que leur mort occasionne le moindre sursaut de conscience, la moindre révolte ? On peut donc tuer des hommes comme on le fait des rats ? Sans en éprouver le moindre remords ? Et s’en flatter ?
Mais dans quel égarement, dans quel délire faut-il avoir sombré pour qu’une “juste cause” autorise de telles horreurs ? »
[…]
José n’aspire plus qu’à rentrer chez lui le plus vite possible. Sa décision est prise. Il ne s’engagera pas dans la guerre. »

Pas pleurer, Seuil, 2014, 288 p.

« Épisode connu de l’histoire du journal Le Monde : le 15 mars 1968, Pierre Viansson-Ponté intitule une chronique “[Quand] la France s’ennuie”. Les “événements” de mai 1968, comme on dit, commencent une semaine plus tard, le 22, à Nanterre, et prennent de l’ampleur à partir du 3 mai, date du premier affrontement entre police et étudiants autour de la Sorbonne. »

Le Monde du vendredi 19 août 2016.

Walter Benjamin :

« Rien de ce qui s’est un jour produit ne doit en effet être considéré
comme perdu pour l’histoire. »

Courriel du juriste Teng Biao à propos du Mouvement des nouveaux citoyens qui prônent la divulgation des patrimoines des dirigeants chinois :
« Nous avons beau ne pas nous considérer comme une organisation politique, et agir d’une manière transparente et non violente, les autorités se sont senties menacées dès lors qu’on lançait des actions concrètes, comme faire des discours dans la rue et rassembler des signatures. »

Le Monde du 24 janvier 2014.

Mercredi 22 janvier, à Pékin, on jugeait le juriste Xu Zhiyong, l’un des initiateurs principaux du Mouvement des nouveaux citoyens, accusé « d’avoir rassemblé une foule dans le but de troubler l’ordre public ». Aucun des 68 témoins de la défense n’a été appelé à la barre. Xu Zhiyong, qui a longtemps pratiqué un militantisme « légaliste », et son avocat ont recouru à une stratégie inédite : ils sont restés silencieux.

Le Monde du 24 janvier 2014.

Constantin Sigov écrit : « Cet hiver, un nouveau pas a été franchi avec le mouvement de désobéissance civile à Kiev.

Plus loin, il est écrit, à propos d’une « Marianne de la révolution ukrainienne », une femme handicapée dénommée Elisabeth ou Lisa : « Sur la place Maïdan, elle a trouvé une société où elle n’est plus une handicapée mais l’amie de ses concitoyens. Nous avons tous vu en elle le symbole du refus non violent de l’usurpation. Elle est l’étendard de la marche pacifique de centaines de milliers de gens vers la liberté. »

Le Monde du 24 janvier 2014.

« Accusées d’avoir commis, seins nus, des dégradations sur les cloches de Notre-Dame en février 2013, neuf activistes des Femen devraient être jugées demain à Paris. »
Une des femmes, Pauline Hillier, qui ne regrette en rien l’opération à Notre-Dame, répond au journaliste Sylvain Cottin de Sud-Ouest : « Parlons plutôt des trois vigiles qui seront, eux aussi, dans le box pour nous avoir donné des coups de poing, cassé une dent et tiré à pleine main sur nos seins. Nous, nous sommes seulement accusées d’avoir tapé avec des bouts de bois sur des cloches de plusieurs tonnes. » […]
« Qu’ils soient choqués [les catholiques] était notre objectif. »
« Des méthodes plus agressives vont être employées.
− Jusqu’à employer la force physique ? demande la journaliste.
− Non, si du sang doit couler, alors ce sera uniquement le nôtre. Nous ne porterons jamais atteinte à l’intégrité physique des personnes, mais il faut se préparer à des opérations commandos encore plus musclés. » […]
« Notre fonds de commerce est de choquer pour provoquer le débat, alors je comprends que la ménagère ne cautionne pas toujours nos actions. Je veux juste qu’elle s’intéresse aux sujets que nous pointons ainsi du doigt. Les Femen sont là pour se déshabiller à sa place, en première ligne également pour prendre les coups de l’extrême droite, des salafistes ou des dictateurs de l’Est. »

Sud-Ouest du 18 février 2014.

Dans Le Monde du vendredi 14 mars 2014, Isabelle Mandraud, à propos des élections présidentielles qui doivent se tenir le 17 avril, signale que « le mouvement Barakat (“Ça suffit”) organise […] un nouveau sit-in devant la faculté centrale de la capitale. Ces initiatives ont pour trait commun le rejet d’un quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika ».
Par ailleurs, la journaliste rapporte la déclaration d’Amira Bouraoui, une gynécologue de 38 ans, militante du mouvement Barakat, qui réclame dans un manifeste collectif une nouvelle Constitution « dans l’objectif de créer une IIe République. Nous ne voulons pas d’une révolution arabe, nous voulons une révolution algérienne pacifique ».

Le Monde du 20 mars 2014 signale l’intrusion de 56 militants de Greenpeace à l’intérieur de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) qui dénoncent la dangerosité de la plus ancienne centrale nucléaire française. « Cette opération vient compléter une longue liste d’actions similaires, une douzaine depuis sept ans. » De son côté, Sud-Ouest du 20 mars annonce la libération des militants à l’issue de leur garde à vue. Ils seront jugés devant le tribunal correctionnel de Colmar pour « violation de domicile » et « dégradations volontaires en réunion. Ils encourent cinq ans de prison.

Le Monde du 26 mars 2014 annonce que le Premier ministre britannique a évoqué la possibilité de prendre des mesures de rétorsion, après l’annexion de la Crimée, à l’encontre des milliardaires russes qui ont investi à Londres. Par ailleurs, Moscou serait confronté à une fuite massive de capitaux. « Redoutant les conséquences des sanctions qui pourraient être infligées par les États-Unis et l’Union européenne à la Russie, les investisseurs internationaux ont retiré près de 70 milliards du pays depuis janvier. Ce mouvement pourrait pousser le pays dans la récession »

Le Monde du 18 décembre 2014 titre en une : « Poutine perd la guerre économique » et, poursuivant en pages intérieures avec : « Début de panique à Moscou », on peut lire : « La Russie, qui subit l’effet conjugué des sanctions occidentales décidées en réaction au conflit en Ukraine et de la chute du prix du pétrole, n’en a peut-être pas fini avec les pressions extérieures. »

Le Monde du 1er et 2 janvier 2015 dans son éditorial : « L’Union européenne, unie, doit continuer à contrecarrer les menées du président Poutine à l’égard de ses voisins et en particulier de l’Ukraine. Les sanctions sont efficaces. »

Hannah Arendt :
« La désobéissance à la loi, tant civile que criminelle, est devenue au cours des récentes années un phénomène de masse, non seulement en Amérique mais aussi dans d’autres parties du monde. La contestation de toute autorité établie, religieuse et laïque, sociale et politique, pourrait bien être considérée un jour comme le phénomène d’une ampleur mondiale le plus significatif de la dernière décennie. En vérité, “les lois semblent avoir perdu leur pouvoir”. Peut-on imaginer, en regardant ce phénomène de l’extérieur et dans une perspective historique, un signe plus évident, un témoignage plus explicite de l’instabilité et de la vulnérabilité internes des gouvernements et des systèmes juridiques ? Ce que l’histoire peut nous apprendre des causes des révolutions − et l’histoire qui nous enseigne peu de choses, nous en apprend cependant beaucoup plus sur ce sujet que les considérations théoriques des sciences sociales − c’est que les révolutions sont précédées d’une désintégration des systèmes politiques, que l’érosion progressive de l’autorité gouvernementale constitue le symptôme le plus frappant de cette désintégration, et que la cause de cette érosion est l’inaptitude des rouages gouvernementaux à s’acquitter de leur fonction, ce qui conduit les citoyens à douter de leur légitimité. C’est à cet état de choses que les marxistes ont donné le nom de “situation révolutionnaire” − qui, bien entendu, ne conduit pas toujours, loin de là, à la révolution. » p. 70.

Du mensonge à la violence. Essais de politique contemporaine,
Calmann-Lewy, Pocket, 2013

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